Aller au contenu

Les solutions en emploi

En résumé
  • Vers une inclusion professionnelle réelle
    Pour favoriser l’inclusion des personnes en situation de handicap dans le monde du travail, il est essentiel de reconnaître leur droit au travail, de valoriser leurs compétences et de créer des trajectoires d’emploi personnalisées. Cela implique une approche inclusive et individualisée, adaptée aux besoins spécifiques de chaque personne.
  • Sensibilisation et accompagnement : des leviers essentiels
    La sensibilisation des employeurs et l’accompagnement en milieu de travail sont des éléments clés pour faciliter l’intégration et le maintien en emploi des personnes ayant une déficience intellectuelle. Des programmes tels que Prêts, Disponibles et Capables ont démontré l’efficacité de ces démarches en réduisant le recours aux subventions salariales et en favorisant le maintien en emploi.
  • Modèles inspirants à adopter
    Des exemples de bonnes pratiques, tant au Québec qu’à l’étranger, illustrent l’efficacité de modèles d’emploi inclusifs. Ces initiatives montrent qu’il est possible de créer des environnements de travail adaptés et ouverts à la diversité, contribuant ainsi à une société plus inclusive.
Des solutions existent 

Des solutions existent

S’il est vrai que les programmes d’employabilité pour les personnes ayant une déficience intellectuelle présentent de nombreux problèmes, il existe aussi des pistes de solution concrètes. 

En 2024, la SQDI et d’autres organisations ont publié un avis sur l’employabilité des personnes en situation de handicap. Cet avis propose des principes généraux et des actions concrètes que le gouvernement pourrait mettre en place dès maintenant pour améliorer la situation et favoriser une réelle inclusion en emploi. 

Lire l’avis sur l’employabilité des personnes en situation de handicap

Principes généraux 

Reconnaitre le droit au travail des personnes en situation de handicap  

Malgré certains progrès dans la perception des personnes handicapées ou ayant des « troubles » de santé mentale dans la sphère publique, de nombreux obstacles persistent. Ces obstacles prennent la forme de croyances erronées, de préjugés ou encore dans le manque de reconnaissance du devoir d’accommodement de la part de plusieurs employeurs.  

Il est donc essentiel que le gouvernement du Québec réaffirme clairement le droit au travail des personnes en situation de handicap ou ayant des « troubles » de santé mentale.  

➡️ Valeurs fondamentales
  • Le Québec doit reconnaitre aux personnes en situation de handicap « sur la base de l’égalité avec les autres, le droit au travail, notamment à la possibilité de gagner leur vie en accomplissant un travail librement choisi ou accepté sur un marché du travail et dans un milieu de travail ouverts, favorisant l’inclusion et accessibles aux personnes handicapées » (Organisation des Nations Unies, 2006, art. 27). 
  • Le Québec doit privilégier l’embauche inclusive des personnes en situation de handicap ou ayant des « troubles » de santé mentale, en adoptant une stratégie de type « L’emploi, premier choix ». 
  • Le gouvernement du Québec et l’ensemble de la société doivent reconnaitre que le capacitisme et le sanisme demeurent des obstacles majeurs au plein potentiel des personnes en situation de handicap ou ayant des « troubles » de santé mentale, notamment dans leurs rôles professionnels. Il doit s’engager à lutter contre ces formes de discrimination et de dévaluation.

Reconnaitre les compétences des personnes  

Le capacitisme et le sanisme ne se limitent pas à dévaloriser la vie des personnes en situation de handicap ou ayant des « troubles » de santé mentale. Ils alimentent aussi des croyances erronées concernant leur capacité à travailler et à maintenir une productivité comparable à celle des autres salariés.  

Il faut donc que l’ensemble des acteurs dans le milieu de l’emploi reconnaissent les forces et les compétences de ces personnes. 

➡️ Valeurs fondamentales 
  • Les personnes en situation de handicap ou ayant des « troubles » de santé mentale possèdent des compétences, souhaitent travailler et désirent contribuer, à leur manière, au développement de la société. Elles veulent voir leur dignité reconnue, respectée et valorisée. 
  • Les compétences de ces personnes doivent être identifiées, cultivées, mises en valeur et développées tout au long de leur parcours, y compris une fois qu’elles intègrent le marché du travail. 

†Créer des trajectoires individuelles vers l’emploi 

Les personnes en situation de handicap ou ayant des « troubles » de santé mentale ne représentent pas un groupe homogène. Au contraire, il s’agit de l’une des populations les plus diversifiées, avec une grande variété de besoins. Cela exige que les services soient adaptés à chaque personne. 

Il n’existe pas une trajectoire unique vers l’emploi, mais autant de trajectoires qu’il y a de personnes. C’est pourquoi les services de préemployabilité et d’employabilité doivent être mieux adaptés aux attentes et aux besoins réels des personnes, en misant sur des mesures personnalisées qui réduisent les obstacles présents dans l’environnement.  

Seule une approche réellement individualisée, basée sur l’accompagnement, peut répondre à cette diversité d’attentes et de besoins.

➡️ Valeurs fondementales
  • Chaque personne devrait être accompagnée dans sa trajectoire vers l’emploi, à son rythme, selon ses capacités, ses préférences et ses choix, particulièrement au moment de l’intégration en emploi.  
  • Chaque personne a une trajectoire socioprofessionnelle unique, les services et interventions doivent être adaptés selon le contexte. 
  • Les programmes occupationnels (ou de « maintien des acquis ») devraient être clairement séparés des programmes de préemployabilité, d’employabilité et de maintien en emploi. 

Briser les silos, viser la complémentarité 

Il est nécessaire de revoir l’organisation des services afin de briser les silos et de favoriser une réelle complémentarité des actions gouvernementales. L’inclusion en emploi des personnes en situation de handicap ou ayant des « troubles » de santé mentale doit être soutenue de manière cohérente, depuis le parcours scolaire jusqu’ à l’intégration et au maintien en emploi, ainsi qu’au développement de carrière. 

➡️ Valeurs fondementales
  • Les ministères et organismes du gouvernement du Québec (Éducation, Santé et services sociaux, Emploi et Solidarité sociale, Transports, OPHQ) doivent collaborer afin de briser les silos et faciliter la transition entre les différents programmes destinés aux personnes en situation de handicap ou ayant des « troubles » de santé mentale. 
  • Les programmes et services du gouvernement du Québec doivent être pensés de manière complémentaire et s’articuler en trajectoires cohérentes vers l’emploi. 
Miser sur des programmes qui font leurs preuves pour les personnes plus éloignées du marché du travail 

Miser sur la sensibilisation et l’accompagnement 

En plus des principes généraux présentés, il existe de nombreux exemples, au Québec, ailleurs au Canada et à l’étranger, dont il serait possible de s’inspirer pour améliorer les pratiques.  

Tout d’abord, il est important de miser sur la sensibilisation des milieux de travail et des employeurs, mais aussi dans leur accompagnement et dans celui des personnes ayant une déficience intellectuelle une fois en emploi. 

La sensibilisation des employeurs est un aspect crucial pour faire progresser le taux d’emploi des personnes ayant une déficience intellectuelle. Sensibiliser les employeurs permet notamment de mieux adapter les descriptifs de poste, de leur faire comprendre leurs obligations en lien avec les accommodements au travail, de les accompagner dans la révision de leurs processus d’embauche afin de les rendre plus inclusifs, et bien d’autres aspects.  

L’accompagnement en emploi, tant de la personne salariée que du milieu de travail et de l’employeur, facilite l’intégration et le maintien en emploi des personnes ayant une déficience intellectuelle ou autiste. Que ce soit en déconstruisant des préjugés ou en soutenant la personne dans son milieu de travail ou en intervenant de façon ponctuelle pour l’aider à surmonter des difficultés, l’accompagnement – le « job coaching » – en milieu de travail peuvent aider la personne à se maintenir en emploi, tout en ayant un impact positif dans l’ensemble du milieu de travail.  

Au Québec et au Canada, ce modèle a fait ses preuves. Par exemple, le programme Prêts, Disponibles et Capables (PDC), financé par le gouvernement du Canada, a démontré que la sensibilisation et l’accompagnement à long terme permettent de réduire le recours aux subventions salariales, mais aussi de favoriser le maintien en emploi des personnes ayant une déficience intellectuelle ou autistes, tout en sensibilisant des milliers d’employeurs à travers le pays et en créant des milliers d’emplois. 

Malheureusement, le Québec ne finance pas ce type de programme à l’échelle provinciale. Le gouvernement privilégie encore les subventions salariales aux employeurs, alors que le modèle d’accompagnement de PDC est moins coûteux à long terme et plus efficace (taux de maintien en emploi, emplois créés, impact durable). 

Un récent projet pilote mené par la SQDI a démontré la viabilité économique du modèle d’accompagnement en entreprise (« job coaching »), notant que les besoins d’accompagnement diminuent rapidement dans le temps après le premier trimestre en emploi.  

Pour la SQDI, le gouvernement du Québec devrait miser sur ce genre d’approches pour favoriser l’employabilité des personnes ayant une déficience intellectuelle.  

Miser sur les modèles au Canada 

Plusieurs provinces canadiennes proposent des modèles inspirants pour soutenir les trajectoires d’emploi des personnes ayant une déficience intellectuelle.  

« L’emploi, le premier choix » 

Au Nouveau-Brunswick, l’emploi est la première option lorsqu’il s’agit de planifier la transition entre l’école et la vie active. Dès le début des études secondaires, les personnes ayant une déficience intellectuelle sont invitées à réfléchir à leur projet de carrière et à réaliser des stages en entreprise afin de développer des compétences professionnelles et se familiariser avec le milieu du travail. Ces actions permettent également de sensibiliser les employeurs à la réalité et aux capacités des personnes ayant une déficience intellectuelle.  

Grâce à la stratégie « L’emploi, le premier choix », la province a presque complètement éliminé le recours aux programmes de plateaux de travail. À la place, les organisations communautaires reçoivent un financement visant à soutenir leurs programmes d’emploi et de formation.  

Cette transition entre l’école et la vie active augmente les chances des personnes en situation de handicap d’intégrer le marché du travail, tout en sensibilisant la société et les employeurs à l’importance de l’inclusion. Elle permet également de réduire le recours à des programmes pouvant, dans certains cas, mener à des situations d’exploitation. 

Le gouvernement du Québec devrait s’inspirer de cette stratégie dans ses politiques publiques et en faire une priorité dans la planification de la transition entre l’école et la vie active, afin d’améliorer les trajectoires d’emploi des personnes ayant une déficience intellectuelle.  

Mieux encadrer les programmes de plateaux de travail 

Au Canada, certaines provinces ont mis en place un encadrement strict des programmes de plateaux de travail non rémunérés. Par exemple, en Colombie-Britannique, les programmes de plateaux de travail doivent avoir des objectifs clairs de formation et la durée de participation y est limitée dans le temps. Cet encadrement empêche les personnes ayant une déficience intellectuelle de rester infiniment dans des plateaux de travail, où elles produiraient une plus-value sans être rémunérées ni se voir proposer d’alternatives. 

Au milieu des années 2010, l’Ontario avait également décidé de mettre fin à ces programmes pour les mêmes raisons. Suite à l’arrivée au pouvoir du gouvernement conservateur provincial, cette mesure a été suspendue, mais un meilleur encadrement des programmes reste prévu. 

La SQDI demande de : 

  1. Limiter la durée de participation aux programmes de plateaux de travail. 
  2. Définir des objectifs clairs de formation pour ces programmes 
  3. Assurer une transition du financement des organisations qui offrent actuellement des programmes de plateaux de travail, afin qu’elles puissent diversifier leurs activités sans qu’elles perdent de financement. 
  4. Proposer des alternatives pour les personnes jugées pas assez « productives » pour intégrer le marché du travail. 

Laisser les prestataires de l’aide sociale travailler 

Comme indiqué dans la section sur l’aide sociale, les règles actuelles des programmes d’aide financière de dernier recours découragent souvent les prestataires de travailler. Pourtant, beaucoup souhaitent pouvoir travailler pour améliorer leur situation et sortir de la pauvreté.  

L’exemple du Programme de revenu de base (PRB) démontre que des assouplissements des règles concernant les revenus de travail pourraient avoir des effets positifs. 

Les prestataires du Programme de revenu de base peuvent gagner des revenus équivalents à leur prestation de base annuelle (environ 16 000 $). Les études, entrevues et témoignages recueillis sur le terrain montrent que la possibilité de gagner un revenu supplémentaire est bénéfique : elle permet aux personnes de vivre de manière plus digne et, dans certains cas, de sortir de la pauvreté.  

Pour la SQDI, l’assouplissement des règles au Programme de revenu de base et ses impacts prouvent qu’il est possible de faire autrement et de favoriser l’emploi, même à temps partiel, pour les prestataires des programmes d’assistance sociale. Le principal obstacle reste un manque de volonté politique.