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Contexte de l’emploi en déficience intellectuelle (DI)

En résumé

Au Québec, les personnes ayant une déficience intellectuelle sont beaucoup moins présentes sur le marché du travail que le reste de la population. Quand elles trouvent un emploi, il est souvent précaire (temps partiel, sur appel, sans avantages). Ces difficultés viennent de plusieurs obstacles : manque d’accompagnement, préjugés, structures peu adaptées.

Le parcours vers l’emploi n’est pas unique, mais il passe souvent par des étapes : la transition de l’école à la vie active (TEVA), des stages ou formations en milieu protégé, puis l’accompagnement par des organismes spécialisés en employabilité. Certaines personnes travaillent dans des entreprises adaptées, mais l’objectif principal est l’accès à un emploi régulier, avec soutien et adaptation. Des programmes comme Prêts, disponibles et capables encouragent déjà ce type d’intégration.

Pour améliorer la situation, le gouvernement a lancé une Stratégie nationale pour l’intégration et le maintien en emploi des personnes handicapées (2025-2028), qui prévoit 22 mesures pour faciliter l’accès et le maintien en emploi. La Société québécoise de la déficience intellectuelle (SQDI) et ses partenaires suivent ce dossier de près et proposent des solutions pour que les personnes ayant une déficience intellectuelle puissent travailler dans de meilleures conditions.

Le site Web J’ai ma place!, porté par la SQDI, sert à informer et sensibiliser sur ces enjeux. On y trouve aussi les autres volets liés à l’habitation et des sections détaillant les problèmes actuels et les solutions possibles en emploi et en logement.

Statistiques sur l’emploi des personnes ayant une DI

Les personnes en situation de handicap demeurent sous-représentées dans le milieu de l’emploi.  

En 2020, une recherche montrait que seulement un peu plus de 50 % des personnes en situation de handicap en âge de travailler avaient un emploi, comparativement à environ 80 % pour le reste de la population (Garcia et al., 2020). De plus, les personnes en situation de handicap occupaient souvent des emplois moins stables. Par exemple, de nombreuses personnes en situation de handicap occupaient des emplois temporaires, sur appel, ou à temps partiel (Shahidi et al., 2023).  

Bien qu’il soit difficile de trouver des chiffres précis sur les personnes ayant une déficience intellectuelle, des recherches au Canada et ailleurs ont montré que ces personnes vivent encore plus de difficultés que le reste des personnes en situation de handicap. Par exemple, leurs taux d’emploi sont plus faibles, elles rencontrent beaucoup d’obstacles et font face à du capacitisme.  

Les personnes elles-mêmes et leurs familles nous le disent souvent : il est difficile de trouver un emploi et de le garder à long terme, surtout par manque d’accompagnement.  

Les étapes vers l’emploi des personnes ayant une DI 

Un parcours potentiellement long

Au Québec, l’emploi des personnes en situation de handicap repose sur beaucoup de programmes et politiques. Plusieurs organisations sont impliquées et devraient mieux travailler ensemble.

Cette section présente brièvement les principaux programmes et politiques visant l’intégration et le maintien en emploi des personnes ayant une déficience intellectuelle, en suivant le parcours d’une personne ayant une déficience légère à modérée. Toutefois, chaque parcours est unique : certaines personnes peuvent sauter des étapes, revenir en arrière, ou constater qu’elles ne sont pas en mesure de travailler.  

Pour la SQDI, il est essentiel de repenser la façon dont le parcours vers l’emploi est organisé afin de donner la priorité à l’emploi dès l’école, dans une perspective « L’emploi, le premier choix ».

Pour en savoir plus, consultez la page « Les solutions en emploi »! 

Cliquez sur chaque étape pour en savoir plus :

➡️ Étape 1 – Planification de la transition entre l’école et la vie active (TEVA)

La planification de la transition entre l’école et la vie active (TEVA) est un élément clé pour réussir l’intégration et le maintien en emploi des personnes ayant une déficience intellectuelle. Cette étape doit commencer tôt dans la vie afin de préparer la personne au marché du travail, de lui présenter les différentes possibilités et de lui permettre d’acquérir des compétences dès le jeune âge.  

Dans certaines provinces, comme le Nouveau-Brunswick, la stratégie « L’emploi, le premier choix » est au cœur de toutes les démarches de transition entre l’école et la vie active. Cela signifie que l’emploi est considéré comme la première option dès le début de la planification. Cette approche a donné des résultats encourageants. 

Au Québec, toutefois, la démarche de transition entre l’école et la vie active (TEVA) n’est pas appliquée de manière uniforme dans toute la province. Dans certains cas, la TEVA est bien réalisée, mais dans plusieurs autres, elle est absente ou limitée.  

➡️ Étape 2a : Stages et plateaux de travail (ministère de la Santé et des Services sociaux) 

Historiquement, le réseau de la santé et des services sociaux a mis en place des stages et des plateaux de travail, ainsi que des services d’accompagnement et de développement des aptitudes sociales et professionnelles.  

Ainsi, à la sortie de l’école, vers 21 ans, les personnes ayant une déficience intellectuelle sont souvent orientées vers ces programmes de « stages » ou de plateaux de travail. Ces programmes s’adressent surtout aux personnes plus éloignées du marché du travail, afin de leur permettre d’acquérir de nouvelles compétences et aptitudes. Théoriquement, une fois ces compétences développées, les participants devraient quitter ces programmes pour bénéficier de services en employabilité et accéder à un emploi « régulier ».  

Au Québec, le ministère de la Santé et des Services sociaux (MSSS), en collaboration avec le réseau communautaire, est responsable des services de stages et de plateaux de travail. Chaque année, des dizaines de millions de dollars y sont investis. Plusieurs organismes communautaires se sont aussi inspirés de cette collaboration (entre le MSSS et le réseau communautaires) pour créer leurs propres plateaux de travail, sans passer par une entente avec le MSSS.  

Pourtant, les résultats de ces programmes restent mitigés et ils font l’objet de nombreuses critiques.

Pour en savoir plus, consultez la page « Les problèmes des services d’emploi en déficience intellectuelle ». 

➡️ Étape 2b – Programmes de formation offerts par les organismes communautaires 

De nombreuses organismes communautaires locaux proposent des programmes de formation pour les personnes ayant une déficience intellectuelle. Ces programmes visent à donner aux personnes des compétences sociales et de travail aux personnes qui en ont besoin. Ces bases permettent de mieux naviguer dans les situations sociales et professionnelles et visent à aider les personnes à trouver un emploi dans le futur. 

Ils s’adressent principalement aux personnes plus éloignées du marché du travail, qui ont besoin d’acquérir des compétences de base avant d’envisager un emploi. 

➡️ Étape 3 : Prise en charge par les organismes spécialisés en emploi pour les personnes handicapées 

Après avoir acquis certaines compétences grâce aux stages ou aux plateaux de travail, une personne peut être orientée vers un organisme spécialisé en emploi pour les personnes handicapées. 

Ces organismes ont pour mission d’évaluer les capacités de la personne et de l’accompagner dans toutes les étapes liées à l’emploi : préparation (formation, savoir-être, préparation de CV, etc.), recherche d’un poste et soutien pour le maintenir. Les personnes qui bénéficient de ces services sont souvent plus « aptes » au travail et proches du marché du travail. Selon les aptitudes, la situation et les préférences de chacun, deux options principales peuvent être proposées : intégrer une entreprise adaptée (étape 3a) ou occuper un emploi régulier (étape 3b).  

Au Québec, on compte 25 organismes spécialisés en emploi pour les personnes handicapées, dont certains sont dédiés plus particulièrement à la déficience intellectuelle. La liste complète de ces organismes spécialisés est disponible sur le site Web du Regroupement des organismes spécialisés pour l’emploi des personnes handicapées  (ROSEPH)

Ces organismes sont des organisations communautaires qui travaillent sous contrat avec le ministère de l’Emploi. Les contrats fixent des objectifs à atteindre et précisent les services qu’ils peuvent offrir.  

Ces organismes spécialisés en emploi peuvent aussi attribuer certaines mesures financières gouvernementales pour faciliter l’intégration et le maintien en emploi des personnes en situation de handicap. Par exemple, ils peuvent recommander un Contrat d’intégration au travail (CIT), proposer des mesures d’accommodement ou soutenir l’adaptation du milieu de travail.  

➡️ Étape 4a – Entreprises adaptées 

Après l’évaluation faite par un organisme spécialisé en emploi, une personne peut être orientée vers une entreprise adaptée.  

Les entreprises adaptées sont des entreprises dans lesquelles des personnes en situation de handicap travaillent aux côtés de personnes n’ayant pas d’incapacités. Dans ces emplois, les personnes sont payées, bénéficient d’avantages sociaux et participent à des activités productives.  

L’objectif des entreprises adaptées est de former les personnes au marché du travail, de les rendre plus productives et de leur permettre d’acquérir des compétences supplémentaires. 

Cependant, pour les personnes en situation de handicap, les entreprises adaptées servent rarement de tremplin vers l’emploi en milieu ordinaire.  

Les entreprises adaptées sont financées en partie par le gouvernement et en partie par les contrats qu’elles accomplissent pour d’autres entreprises. Bien qu’elles soient des organisations à but non lucratif, elles ne peuvent pas fonctionner à perte.  

➡️ Étape 4b – Emploi « régulier » 

Quand une personne a été évaluée par un organisme spécialisé en employabilité des personnes handicapées et a été jugée comme apte au travail, il est fréquent qu’elle soit placée en emploi « régulier ». Cela veut dire que la personne occupe un emploi aux côtés de personnes n’ayant pas d’incapacités, qu’elle est payée comme les autres, qu’elle bénéfice d’avantages sociaux (congés, vacances, assurances, etc.) et qu’elle doit produire comme toutes les autres personnes salariées. 

Ce modèle est le plus favorable pour l’inclusion des personnes ayant une déficience intellectuelle et est recommandé par la SQDI pour la grande majorité de celles-ci.  

Depuis 2014, la SQDI chapeaute avec ses partenaires le programme Prêts, disponibles et capables. Ce programme vise à sensibiliser les milieux de travail afin d’accroitre la participation au marché du travail des personnes autistes ou ayant une déficience intellectuelle dans un emploi régulier.  Ce programme collabore avec les organismes d’employabilité afin de soutenir financièrement les services adaptés qui facilitent le maintien en emploi. Cela inclut notamment des services d’accompagnement (job coaching) ainsi que le financement de mesures de soutien aux employés, lorsque celles-ci ne sont pas offertes dans la province, qu’il s’agisse d’un soutien humain ou matériel. 

La Stratégie nationale pour l’intégration et le maintien en emploi des personnes handicapées

La Stratégie nationale en bref

La Stratégie nationale pour l’intégration et le maintien en emploi des personnes handicapées (Stratégie) est le document de référence qui oriente les actions du gouvernement québécois en matière d’emploi pour les personnes en situation de handicap. Elle est pilotée et coordonnée par le ministère de l’Emploi, en collaboration avec d’autres ministères et organismes du gouvernement du Québec.  

La Stratégie 2025-2028 prévoit 22 mesures regroupées en 3 axes, afin de faciliter l’accès des personnes en situation de handicap au marché du travail et de soutenir leur maintien en emploi.  

La SQDI, ainsi que d’autres organisations, ont analysé la Stratégie de façon critique et ont proposé des solutions pour améliorer l’intégration et le maintien en emploi des personnes en situation de handicap.  

Tableau récapitulatif des étapes et services 

Quels services, quand, et par qui?

Programme ou politique Activités / services Responsable 
Planification de la transition entre l’école et la vie active Planifie la transition entre l’école et la vie active Ministère de l’Éducation et autres organismes 
Programmes de formations communautaires Aident les personnes à acquérir des compétences sociales et professionnelles de base Organisations communautaires 
Stages et plateaux de travail Aident les personnes à acquérir des compétences de travail et à se familiariser avec l’emploi. Ministère de la Santé et des Services sociaux et organisations communautaires 
Services des organismes spécialisés en employabilité des personnes handicapées Aident les personnes à se préparer à l’emploi, à trouver un emploi et à le garder. Organismes spécialisés en employabilité des personnes handicapées et ministère de l’Emploi 
Entreprises adaptées Embauchent des personnes en situation de handicap et les aident à développer leurs compétences.  Entreprises adaptées, financées par le ministère de l’Emploi et les contrats réalisés 
Emploi régulier Un emploi comme les autres Tout le monde! 
Stratégie nationale pour l’intégration et le maintien en emploi des personnes handicapées  Donne la direction à suivre pour le gouvernement en lien avec l’emploi des personnes en situation de handicap.  Ministère de l’Emploi et autres ministères et organismes du gouvernement du Québec