Conjointement avec ses partenaires l’AQRIPH, l’AQRPSM, la COPHAN et la FQA, la Société québécoise de la déficience intellectuelle (SQDI) a analysé la Stratégie 2025-2028.
La Stratégie nationale pour l’intégration et le maintien en emploi des personnes handicapées 2025–2028 (la Stratégie) propose des idées intéressantes pour améliorer l’intégration et le maintien en emploi des personnes en situation de handicap. Toutefois, la SQDI pense qu’elle ne répond pas pleinement aux besoins du terrain.
Analyse des mesures de la Stratégie
La Stratégie est structurée autour de trois grandes orientations, chacune accompagnée de mesures concrètes. Nous vous présentons ici les grandes lignes de ces orientations, avec les aspects positifs et les problèmes qui ont été identifiés par la SQDI.
Orientation I : Valoriser l’apport des personnes handicapées et encourager des pratiques innovantes
Le gouvernement veut mieux faire connaître les compétences des personnes handicapées et les programmes qui existent pour les aider à trouver et garder un emploi. Il veut aussi encourager les milieux de travail à adopter des façons de faire plus inclusives.
✅ Ce qui est positif
- On reconnaît enfin que les personnes handicapées ont des compétences importantes à offrir.
- On veut mieux informer les gens sur les programmes d’aide à l’emploi.
- On prévoit des recherches pour mieux comprendre les obstacles à l’emploi et les solutions possibles.
⚠️ Ce qui pose problème
- Il manque de financement pour aider les milieux de travail à changer leurs pratiques.
- Les recherches ciblent surtout les grandes entreprises, alors que la majorité des entreprises au Québec sont petites.
- Le télétravail est déjà reconnu comme une bonne solution pour plusieurs personnes handicapées. Une campagne d’information aurait été plus utile qu’une nouvelle recherche.
Orientation II : Améliorer l’accès au marché du travail
Le gouvernement veut offrir plus de services pour aider les personnes handicapées à se préparer à travailler, à trouver un emploi et à le garder. Il veut aussi améliorer les programmes de formation et les services dans les écoles.
✅ Ce qui est positif
- On veut créer des parcours personnalisés vers l’emploi, ce qui répond aux besoins réels des personnes.
- On prévoit accompagner les élèves en situation de handicap dans leur transition vers le monde du travail.
- On veut développer les compétences des personnes avec des approches adaptées.
⚠️ Ce qui pose problème
- On ne sait pas clairement quels ministères sont responsables de chaque action.
- Le terme « situation complexe » n’est pas bien défini, ce qui rend certaines mesures floues.
- Le programme PAAS – volet Réussir est utile, mais il manque de financement et sa durée est trop courte.
- La transition école-travail (TEVA) devrait être obligatoire partout, mais ce n’est pas prévu.
Orientation III : Bonifier l’accompagnement des milieux de travail
Le gouvernement veut aider les employeurs à mieux accueillir et soutenir les personnes en situation de handicap dans leur entreprise. Il veut aussi améliorer le transport vers le travail et créer des outils pour les conseillers en emploi.
✅ Ce qui est positif
- On reconnaît que l’inclusion dépend aussi des milieux de travail, pas seulement des personnes en situation de handicap
- On veut sensibiliser les gestionnaires et les collègues à l’importance de l’inclusion.
- On prévoit un comité pour améliorer le transport adapté, ce qui est essentiel.
⚠️ Ce qui pose problème
- L’idée d’« inclusion » n’est pas bien expliquée. Il faut plus que des accommodements : il faut des milieux diversifiés et sécuritaires.
- Les « approches novatrices » ne sont pas définies clairement. On ne sait pas si elles sont basées sur des preuves.
- Le transport adapté est en crise dans plusieurs régions. Une simple expérimentation ne suffira pas.
Comparaison avec les demandes du milieu
Ce que les organisations communautaires ont demandé
En 2024, plusieurs groupes (SQDI, AQRIPH, COSME, COPHAN, FQA, AQRP) ont proposé 58 mesures pour améliorer l’accès à l’emploi des personnes handicapées. Ces mesures touchaient :
- La préparation à l’emploi
- L’accompagnement en emploi
- Le maintien en emploi
- La promotion et l’avancement de carrière
- Des mesures transversales (comme le transport ou les droits sociaux)
✅ Mesures présentes ou partiellement présentes
- Transition école-travail (TEVA) : La Stratégie propose de généraliser la TEVA, mais ne la rend pas obligatoire.
- Stages et formations : Quelques mesures parlent de stages et de formation, mais sans financement clair ni reconnaissance officielle.
- Collaboration entre ministères : La Stratégie prévoit une meilleure coordination, mais les rôles ne sont pas bien définis.
- Sensibilisation des employeurs : Plusieurs mesures visent à mieux informer les employeurs et les gestionnaires.
- Transport adapté : Deux mesures abordent le transport, mais elles restent limitées à des expérimentations.
- Recherche et indicateurs : La Stratégie prévoit des recherches et des outils de suivi.
❌ Mesures absentes ou très limitées
- Financement des organismes communautaires : Aucune mesure ne prévoit un financement spécifique pour ces organismes.
- Entreprises adaptées (EA) : Aucun engagement pour augmenter leur nombre ou améliorer leurs conditions.
- Contrat d’intégration au travail (CIT) : La Stratégie ne parle pas de cette mesure pourtant essentielle.
- Formation postsecondaire et continue : Rien n’est prévu pour améliorer l’accès ou les accompagnements.
- Reconnaissance des compétences acquises hors du Québec : Cette demande est complètement absente.
- Révision des règles d’aide sociale : Aucune mesure ne propose d’augmenter les plafonds de revenus ou de réduire les désincitatifs à l’emploi.
Conclusion
La Stratégie reprend certains principes du milieu communautaire, mais de manière partielle et souvent sans moyens concrets.
Elle manque malheureusement d’ambition pour transformer les modèles d’employabilité et néglige plusieurs leviers essentiels proposés par les acteurs du terrain.
Pour aller plus loin, le gouvernement devrait mieux reconnaitre le rôle des organismes communautaires et adopter des mesures structurantes pour changer les règles et les modèles actuels.